Histoire

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Histoire du château de Montal

Vue du château de Montal et de son jardin de buis de face

Élégante demeure de la Renaissance marquée par la douleur d’une femme, œuvre pillée puis restaurée, refuge de la Joconde sous l’Occupation… Que de péripéties a traversé le château de Montal ! Plongez dans l’histoire de ce lieu romanesque aux multiples facettes…

Remontons un peu le fil du temps

Avant Montal, il y avait...

Le domaine où se situe le château ne s’est pas toujours appelé Montal ! À l’origine, le site est composé de deux seigneuries, Saint-Jean et Saint-Pierre, réunies dans la seconde moitié du XIVe siècle. Elles passent aux Bonafos au XIVe siècle puis aux Miers au XVe. Ces derniers habitent le repaire  « de Saint-Pierre ». Les yeux les plus experts peuvent chercher son unique vestige, une fenêtre sur la façade nord-ouest !

Le nom de Montal provient d'une terre du Cantal. Il apparaît au début du XVIe siècle avec la présence de Jeanne de Balsac, épouse d'Amaury II de Montal.

Les toitures du château de Montal apparaissant au-dessus des cimes dans l'environnement de bois et de prairies du château
Les toitures du château de Montal pointant au-dessus des cimes

© David Bordes - Centre des monuments nationaux

La demeure Renaissance de Jeanne de Balsac

Connaissez-vous la femme de caractère à qui l’on doit la construction de Montal ?

Jeanne de Balsac se retrouve seule avec cinq enfants en 1510, à la mort de son époux Amaury. Cette veuve indépendante obtient le droit de les élever seule et compte bien enrichir leur héritage ! À partir de 1519, elle fait bâtir le nouveau château de Montal, sur une terre qui lui appartient, proche de Castelnau-Bretenoux où sa mère Antoinette a grandi.

Montal se veut la demeure d’une femme éduquée dans la pensée humaniste . Jeanne est la fille de Robert de Balsac, connu pour sa participation aux guerres d’Italie, pour ses traités de stratégie militaire et de morale. Marquée par cet héritage d’un milieu intellectuel, elle commande un château qui s’inspire des modèles italiens. Les décors raffinés empruntés à l’Antiquité traduisent sa grande culture, mais aussi son histoire familiale. Les portraits de ses proches, vivants ou disparus, sont sculptés sur les façades de la cour intérieure. Les riches ornements des lucarnes expriment sa douleur de mère meurtrie par la perte de son fils aîné, Robert de Montal. On y trouve aussi un message récurrent, « Plus d’espoir », qui contient peut-être un double-sens…

Les deux ailes du château de Montal, construites du vivant de Jeanne
Les deux ailes du château de Montal, construites du vivant de Jeanne

© David Bordes - Centre des monuments nationaux

Du XVIIe au XIXe siècle : des temps incertains…

À la fin du XVIe siècle, Montal passe à la famille de Pérusse d'Escars. Il est peu habité par les descendants de Jeanne et finalement vendu aux Plas de Tannes en 1771. Ces derniers sont connus pour y avoir vécu luxueusement.

C’est au siècle suivant que Montal vit ses heures les plus sombres…  Abandonné depuis la Révolution, il est transformé en ferme et en auberge. En 1879, c’est la désolation ! Un spéculateur rachète Montal pour revendre ses précieux décors sculptés. Ceux-ci sont (soigneusement !) arrachés puis transportés à Paris. Suite à deux ventes aux enchères, en 1881 et en 1903, ils sont dispersés dans des musées et collections, en France et à l’étranger…

 

Un groupe posant dans la cour du château défiguré suite au passage du spéculateur de Macaire à la fin du dix-neuvième siècle
Groupe posant dans la cour du château défiguré suite au passage du spéculateur Macaire de Verdier, à la fin du XIXe siècle

© Reproduction de Jean-Luc Paillé - Centre des monuments nationaux

Du XXe siècle à nos jours : sauvetage à plus d’un titre !

Au début du XXe siècle, Montal est sauvé par Maurice Fenaille, grand industriel et incontournable mécène  de l’époque. Cet homme très fortuné rachète la bâtisse et le domaine en 1908. Il réalise le défi de restaurer le château en cinq ans seulement ! Il retrouve la plupart des décors et fait reproduire les pièces manquantes par l’atelier de Rodin. À la fin des travaux en 1913, en grand prince, il fait don du château à l’État !

Pendant la seconde Guerre Mondiale, Montal accueille des « réfugiés » de guerre. Les plus connus restent certainement les tableaux du Louvre, dont la célèbre Joconde, conservée au rez-de-chaussée de 1943 à 1945.

 Aujourd’hui, le Centre des monuments nationaux entretient la mémoire de cet exceptionnel témoin de l’histoire grâce à des chantiers de restauration, de nouveaux aménagements, une équipe de guides passionnés, des animations et événements réguliers.

Photographie en noir et blanc de Maurice Fenaille posant dans la cour intérieure du château de Montal pendant sa restauration, au début du XXe siècle
Maurice Fenaille posant dans la cour intérieure du château de Montal pendant sa restauration

© Reproduction Centre des monuments nationaux

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