Histoire

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Mona Lisa dans sa plus belle cachette

Vue du château de Montal au milieu du vingtième siècle, détail d'une carte postale

Pendant la Seconde Guerre (1939-1945), la direction des Musées nationaux orchestre un déménagement en zone libre pour protéger les collections nationales de la convoitise des nazis, et confie ses trésors au château de Montal...

Un abri de choix

Jacques Jaujard, directeur du Musée du Louvre, organise le déménagement des œuvres du musée pour les mettre à l’abri en zone libre. Plusieurs préoccupations le guident : mobiliser des véhicules pour les convois, trouver des lieux assez vastes pour les œuvres de grand format, et de quoi prévenir tout risque d’incendie. Les collections nationales, de 1939 à 1943, vont aller de château en château, au gré de la progression de l’ennemi et des risques de bombardement, pour finalement aboutir dans le Lot. 

Huit dépôts sont sélectionnés dans la vallée de la Dordogne, dont le château de Castelnau-Bretenoux qui accueillera manuscrits et médailles de la Bibliothèque nationale. Montal appartient à l’État, et feu son donateur, Maurice Fenaille, était un fidèle mécène des Musées nationaux. Le château, parfaitement restauré, est isolé, peu visible dans le paysage, équipé d’extincteurs et à proximité d’une source. L’abri parfait.

Photographie en noir et blanc du château de Montal dans la brume
Le château de Montal dans la brume au milieu du XXe siècle

© Centre des monuments nationaux

Dangers de la guerre

Les gardiens du Louvre arrivent avec leurs familles et s’installent à proximité du château, en même temps que les œuvres. René Huyghes, le conservateur du dépôt de Montal, active toutes les manettes pour protéger les peintures mais la surveillance humaine est prépondérante. Il trouve de nouvelles recrues pour le gardiennage. Huit Alsaciens-Lorrains, déserteurs de la Wehrmacht, trouvent refuge auprès du conservateur : il les protège de la loi martiale allemande en les logeant au château avec de faux-papiers de gardien. Huyghes est lui-même investi dans un réseau local de la Résistance. La vigilance est permanente et tous azimuts, les responsables des différents dépôts partagent et échangent leurs consignes de prudence.

La cour du château de Montal au milieu de vingtième siècle, avec son portail aujourd'hui disparu
La cour du château de Montal au milieu de XXe siècle, avec son portail aujourd'hui disparu

© Centre des monuments nationaux

En tête du cortège

1300 tableaux, protégés pour la plupart dans une caisse de bois, sont rangés au rez-de-chaussée du château. L’organisation de la protection répond à un protocole, et en cas de danger, s’il faut évacuer, la première à sortir sera la Joconde ! Pour cette raison, sa caisse estampillée de trois points rouge est placée près d’une fenêtre transformée en porte, dans la salle des gardes. Elle est surveillée en permanence : un gardien dort même près d'elle la nuit !

À la fin de la guerre, pour remercier le Lot, Jacques Jaujard et le Préfet du département organisent une exposition à Cahors pour enfin montrer aux habitants quelques-uns des trésors mis à l’abri. Les plus beaux sont là… mais pas la Joconde !

La cour du château de Montal au milieu du vingtième siècle
La cour du château de Montal au milieu de XXe siècle

© Centre des monuments nationaux

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